"Baby blues ça sonne bien, t'as presque envie de l'avoir. Mais t’as pas le blues quand tu viens d’accoucher, Johnny il a le blues !!!! Toi tu fais une dépression post-partum" Florence Foresti.
J’espère que tu as un peu de temps devant toi, parce que cet article est un peu long, on traite un sujet délicat, il y a beaucoup a dire. Alors prépare toi un café, un thé ou un shot de vodka , et on y va!
Donc je te plante le décor (pour celles qui auraient oublié (mouais.....), ou celles qui ne connaissent pas encore) : Tu viens d'accoucher, tu as ton bébé dans les bras, et tu viens de remonter en chambre.Tout le monde est heureux, tout le monde se réjouit et s' extasie devant la Bouille que tu viens d'expulser tant bien que mal de mettre au monde. C'est bon tu vois le tableau? Ok on continue alors!
Donc ton séjour à la maternité dure entre 3 jours et 1 semaine, et tant que tu y es, tu gères (enfin tu crois que tu gères, mais passons). C'est vrai c'est dur de voir partir chéri le soir, la descente d'hormones commence a se faire sentir, et la montée de lait aussi d'ailleurs.)
Physiquement, tu as juste l'impression qu'un 38 tonnes t'a roulé dessus, tu es ankylosée de la taille aux genoux.. Tu as l'impression de ne pas avoir dormi depuis 3 mois (rapport aux insomnies en fin de grossesse, c'est pas une impression en fait). Tu as mal aux seins. Tu te sens dégueu de la tête aux pieds (ben oui ça donne chaud d'accoucher, même sous péridurale, et il fait 45° dans les chambres de maternité). Enfin bref, physiquement tu sais déjà qu'il y aura du boulot pour rattraper les dégâts!! Mais c'est jouable.
Pratiquement, tu n'es pas chez toi. Tu n'as ni toutes tes affaires (donc concrètement ça veut dire qu'il te manque forcément quelque chose, même si tu as fait ta valise au moment ou tu as appris ta grossesse), ni ton confort, je parle du lit de la clinique, celui ou t'a l'impression de dormir sur une planche, et de la "salle de bain" qui ne ferme pas a clef et que quand tu ouvres l'eau de la douche, tu mouilles absolument tout dans un rayon de 10km! On te sert a manger a 11h30 et 18h30 (pour d'ors et déjà t'habituer a la maison de retraite), et tu as une infirmière qui vient te planter un thermomètre dans l'oreille tous les matins a 6h ("oh pardon madame, je vous réveille? A ton avis connasse!! Et ne m'appelle pas madame ou je te casse les dents"). Mais tu sais que tu seras bientôt rentrée chez toi.
Psychologiquement.....ben tu ne sais pas en fait. A vrai dire tu n'a pas encore eu le temps de te poser la question. Et tu n'aura pas le temps de te la poser, parce que ça va te péter a la gueule : tu viens de prendre perpète tu es Maman. Sauf que c'est encore flou. Pour l'instant tu sais que ça implique d'avoir a t'occuper de ta Bouille, a savoir lui donner a manger, le bain et changer ses couches. Et tant que tu es a la maternité, même si c'est chiant (la clinique hein, pas la Bouille), c'est tout ce que ça implique.
Et un jour, enfin, tu rentres chez toi, avec ton homme et ton bébé. Et tu kiffes ta première soirée en famille!
Sauf que le lendemain, l'homme retourne travailler (il prend son congé paternité plus tard). Et tu te retrouve seule avec ta Bouille. Et la, contrairement a la maternité, il n'y a plus personne pour t'aider en cas de panique. Et tu paniques! Tu es fatiguée, la Bouille n’arrête pas de pleurer (tu ne sais pas pourquoi), et tu craques. Et la, tu pense baby blues.
Mais le baby blues, et la dépression postpartum, c'est pas la même chose. Le baby blues, c'est cet état de fragilité émotionnelle qui te prend dans les jours qui suivent l'arrivée de la Bouille et qui s'en va rapidement. C'est violent mais c'est court. La dépression postpartum, c'est plus vicieux, ça te prend plus tard, et ça peut durer très longtemps. J'ai cherché le mot le plus pertinent possible pour décrire cette situation, et en discutant avec d'autres mamans pour m'aider a écrire ce billet, le mot est sorti : l'ambivalence. L'amour se mêle au désespoir, voire quelque fois a la nostalgie de ta vie d'avant la Bouille... Cette meme Maman, Aurélie de son prénom, me parlait aussi de l'image que nous renvoie la société. On doit etre "la super maman qui gère tout, qui sait tout ( alors que bébé n’ est pas livre avec notice et SAV) et qui trouve le moyen d être pomponnée !!!"
On m'a aussi parlé de "fin du monde", du fait de ne se sentir capable de rien, de n'avoir envie de rien, on se sent comme "une vraie loque".
Et la descente est pernicieuse. Au début tu ne t’aperçois pas vraiment que quelque chose se trame, tu mets ton état nerveux et émotionnel sur le dos de la fatigue (bébé ne fait pas ses nuits).
Sauf que c'est pas la fatigue (enfin c'est pas QUE la fatigue). Tu sombres petit a petit dans un état de stress et de solitude intense et permanent. Et plus le temps passe, plus tu ressens des choses que tu ne devrais pas ressentir (penses-tu, il parait que c'est "normal") : découragement, ennui, culpabilité, tu pleures tout le temps, tu n'as qu'une envie c'est de t'enfuir en courant devant cette petite chose qui est ton enfant pourtant. Tu l'as voulu, tu l'as porté, tu l'aimes, mais tu as quand même envie de fuir. Et tu n'ose pas en parler, ben oui tu comprends, tu as un bébé, tu n'as aucune raison d’être malheureuse....sauf que tu l'es, malheureuse, et perdue, et dépassée. Tu te dis que ces sentiments de rejet font de toi une mauvaise mère. Les pleurs de ta Bouille te deviennent insupportables, tout ce que tu veux, c'est qu'elle se taise. Mais elle, pleurer c'est sa seule façon de pouvoir s'exprimer. Et c'est une éponge a émotions, si tu ne vas pas bien, elle ne va pas bien non plus. Tu pleures (de désespoir) en l'entendant pleurer, sauf qu' elle fait pareil, c'est le chat qui se mord la queue. Plus tu pleures, plus elle pleure, et vice versa. Et encore une fois tu rêves de pouvoir t'enfuir.
La seule chose que tu attends de la journée, c'est que l'homme rentre du boulot et qu'il prenne le relais. Mais comme tu as honte de toi et de ces sentiments, tu ne lui en as toujours pas parlé, et lui il est pas devin, il ne peut pas savoir que tu ne vas pas bien (non, l'homme n'est ni devin, ni intuitif, si tu ne lui dis pas clairement il ne voit rien). Donc comme il pense que tu vas bien, il ne prend pas la relève, et quand tu fonds en larmes devant lui parce que tu ne peux plus te retenir, il met ça sur le compte des hormones. Et tu ne peux pas lui en vouloir tu lui as sorti l'excuse des hormones pendant 9 mois a chaque fois que ça n'allait pas!
Il ne sait pas lui, que la Bouille a pleuré toute la journée et que tu ne supporte plus le son de sa voix.
Et pourtant quand tu la regardes, tu sais que ta fille c'est la plus belle chose que tu as réalisé de toute ta vie, la seule personne au monde pour qui tu serais prête a tout. Et c'est pour ça que tu culpabilise.
Elle n'a pas mérité de subir tout ça, elle ne t'a rien fait. Elle est la, innocente, fragile, et totalement dépendante de toi. Et c'est pour ça que tu culpabilise.
Tu culpabilise et tu flippes. Est ce que tu es a la hauteur? Est ce que tu pourras lui apporter suffisamment d'amour, de confiance, de paix?
Mais tu ne réagis pas, tu te dis que ça finira par passer tout seul, quand la Bouille aura trouvé son rythme, quand vous vous serez "apprivoisées" toutes les 2.
Alors ouvre grand tes oreilles (enfin tes yeux, mais tu as compris le principe) : tu ne t'en sortiras pas toute seule. Ta seule chance c'est d'en parler, d'extérioriser tout ce qui te ronge. Tu as a ta disposition ta puéricultrice, ta sage femme, ton gynéco, même ton médecin traitant si tu préfères. Ils ont l'habitude de gérer ce genre de crises. C'est leur métier.
Tu as ton homme aussi. Il mérite de savoir pourquoi tu lui en mets plein la gueule alors qu'il ne t'a rien fait. Il FAUT qu'il sache, ne serait-ce que pour pouvoir te soulager, te permettre de souffler, de t'aérer.
Et tu as des copines aussi. Je sais, tu as honte, tu n'oses pas en parler, tu as peur de t'entendre dire "tu as un bébé, tu devrais être heureuse". Sauf que dis toi une chose, si toi tu as du mal a en parler, tu n'es certainement pas la seule! Et je te parie tout ce que tu veux qu'au moins une de tes copines a traversé la même chose que toi.
Alors PARLE!! A qui tu veux, mais fais-le!! N'oublie pas qu'il n'y a pas que toi qui en souffre. Ça affecte ta famille et ta Bouille principalement. Et ton 1er rôle en tant que mère c'est de protéger ton enfant.
Des autres, et de toi même aussi.
J'ai demandé aux copines si l'une d'entre elle accepterait de s'exprimer sur le sujet, et mon amie Elodie a accepté. Un grand merci ma belle! Voici son témoignage :
"Le baby blues….. Le babyblues on le connait tous, on en a tous entendu parler. Mais pas de son coté obscur, ce qu’on appelle la dépression post partum. Non parce que dans notre société, la maternité c’est beau, magnifique, « que du bonheur » (qu’est ce que j’ai pu détester cette phrase…) C’est du bonheur, oui, mais pas « que ». Quand on attend un enfant, on se doute que notre vie va changer, on se doute que l’on va moins dormir, avoir moins de temps. Mais on n’est pas vraiment préparé à ce qui nous attend. Avoir un enfant c’est un raz de marée. Notre vie complètement chamboulée. Avant on ne s’occupait que de soi même (ou pas selon notre humeur !). Après la naissance nous sommes responsables, à vie, de quelqu’un. D’un tout petit bout qui ne compte que sur toi pour survivre au début. De nos jours, les femmes doivent être des épouses parfaites, des mères parfaites, des travailleuses parfaites, tenir leur maison parfaitement…bref tout faire, avec le sourire s’il vous plait !! Etre maman, c’est le plus beau rôle du monde mais le plus ingrat aussi. Celui pour lequel on sera le plus critiqué, et quoi qu’on fasse d’ailleurs !
J’ai fait un baby blues. Il y a eu plusieurs raisons à cela. Tout d’abord ma fille n’a quasiment pas dormi jour et nuit pendant 2 mois….vive le reflux gastro œsophagien. Ensuite je suis une marmotte, une solitaire, et j’aime avoir du temps pour moi. Difficilement compatible avec un bébé cette histoire. De plus entre le boulot, la maison, le papa n’ayant pas d’horaires, je me suis retrouvée à tout faire du matin au soir sans répit…. De plus je ne suis pas ce qu’on appelle une maman gaga de bébé. Non. J’aime les enfants, mais pas vraiment les bébés. J’aime parler avec les enfants, jouer aux jeux de société, lire des histoires dans le lit, faire des blagues, regarder un disney calées l’une contre l’autre…. Donc voilà, la première année de ma fille fut très difficile pour moi. Ce sentiment terrible d’avoir perdu sa liberté et de devoir faire front à tout, 24h/24h, 7 jours sur 7.
La deuxième année, je commençais à voir le bout du tunnel. Lorsqu’elle à commencé à parler, marcher (donc les reflux ont commencé aussi à disparaitre), qu’elle à sorti toutes ses dents….j’ai enfin pu vraiment apprécier à sa juste valeur notre relation. Ça peut paraitre long c’est vrai. Mais je me suis battue pour y arriver. Sans thérapie ni médicaments, juste avec l’aide de ma famille. J’ai passé un temps infini avec elle, dès que je rentre du travail on est ensemble, on joue ensemble. Même si c’était difficile et fatiguant au début, je l’ai fait pour elle, pour nous…et parce qu’elle n’y peut rien, elle. La culpabilité, est un sentiment terrible. On se sent mauvaise mère, on se demande pourquoi cela nous arrive. C’est un sujet tabou, dont on parle un peu plus maintenant, mais quand même. On se sent seule face à toutes ses images de mères épanouies. Heureusement cela fini par passer, on aime notre enfant plus que tout au monde, on ferait tout pour lui et on ne pourrait plus vivre sans lui. Heureusement le temps passe et fait bien les choses."
En guise de mot de la fin, je te dirais seulement 4 mots, mais 4 mots magiques : TU N'ES PAS SEULE!
Quelques liens pour finir
Le site de Maman Blues (dont la marraine est Elsa Grangier des Maternelles). Tu trouveras le lien dans ma blogroll aussi.
Un bon article sur le sujet sur le site Naitre et Grandir
Il y a également Allo Parents Bébé un site plein d'infos et avec un numéro vert si tu as envie de parler.
Et enfin, pour finir en légèreté et parce qu'on a besoin de rigoler, le sketch de Florence Foresti
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