Je m'efforce toujours d'être la plus honnête possible quand j'écris mes articles. Je veux dire sinon, ça ne sert à rien d'écrire.
Seulement, je me mens à moi même. Depuis 4 mois. Depuis 10 mois, même. Depuis que j'ai su que j'attendais des jumeaux.
La vérité, c'est que je ne voulais pas 2 enfants. Je ne voulais pas de jumeaux. Je n'en veux toujours pas. Je n'ai jamais demandé ça.
La vérité, c'est que ça m'est tombé dessus, sans que je me doute que ça puisse un jour m'arriver, ne sachant même pas qu'il y avait déjà eu des grossesse gémellaires dans ma famille.
La vérité, c'est que 9 mois, c'est insuffisant pour se préparer à ce cataclysme, surtout quand on passe son temps à dire qu'on est heureux, qu'on a pas peur. Oui j'ai eu peur toute ma grossesse. Je voulais me convaincre du contraire. Je voulais te convaincre du contraire. Je voulais qu'on arrête de me raconter des histoires horribles sur les accouchements de jumeaux. Qu'on arrête de me dire des trucs complètement cons, du genre "plutôt toi que moi", ou "j'aimerais pas être à ta place". Guess what? moi non plus je n'ai pas aimé être à ma place.
La vérité, c'est que d'avoir été séparée d'eux à la naissance, même si ça a été très court, et de ne pas en avoir eu un seul en peau à peau, ben ça empêche de faire le lien correctement avec tes bébés.
La vérité, c'est que même si je m'en sors plutôt bien avec eux, je galère. Je fatigue.
La vérité, c'est que je ne m'en sors pas, en fait.
La vérité, c'est qu'ils se relaient pour manger, pour pleurer, pour dormir, pour tout. Et que ça m'épuise.
La vérité, c'est que je n'ai pas envie de tout ça, même si je les aime, même si ils sont toute ma vie, eux et leur grande soeur.
Que ma vie de famille est bien loin de ce que j'avais imaginé. Que je n'ai jamais été aussi "loin" de la Bouille. Que l'ambiance à la maison me donne une seule envie, celle de fuir. Fuir mes enfants, fuir l'Homme, et tant qu'à faire, me fuir moi-même. Le moi que je suis devenue, et que je ne reconnais plus.
Le moi triste de cette situation avec la Bouille.
Le moi fatiguée de porter la famille a bout de bras.
Le moi inquiète d'une situation financière en chute libre.
Le moi qui s'ennuie à longueur de journée.
Le moi qui regrette d'avoir eu des enfants, certains jours.
Le moi avec 10kg en trop, le ventre déglingué, les cheveux qui tombent et la peau dégueulasse.
Le moi qui pleure plus qu'elle ne rit.
Le moi qui ne dort plus, trop occupée à me faire du soucis pour tout le reste.
J'ai envie de fuir. Juste fuir. Qu'on m'oublie.
Je ne sais même pas pourquoi je te raconte tout ça. Tu ne peux rien y faire. Personne ne peut rien y faire.
Je ne sais même pas si je vais réussir à poster ce billet. Je vais l'enregistrer dans mes brouillons, jusqu'au jour où je trouverai le courage de le publier.
commentaires