La corne de brume et le vuvuzela

Élever des enfants, tu le sais, c'est du sport! Si c'est ton premier, ce qui complique le truc, c'est que tu n'as pas eu d'entrainement avant. Et tout le monde sait que le sport sans entrainement, c'est plus dur.

Quand les Twins sont nés, j'étais inquiète mais quand même plus sereine qu'à l'époque de la Bouille. Je savais déjà m'occuper d'un bébé, j'avais juste qu'à tout multiplier par deux (d'où l'inquiétude).

Maintenant qu'ils ont grandit, sans dire que c'est facile, c'est quand même plus simple niveau logistique. Mais j'ai remarqué récemment que je me transformais en furie arbitre. Tout sport collectif exige un arbitre. Ben avoir plusieurs enfants, c'est comme arbitrer un match. A longueur de journée...

Imagine.

Tu es parée, sifflet en main, et les 2 équipes entrent sur le terrain.

D'un coté une pépette à bouclettes, à qui on donnerait le bon dieu sans confession.

De l'autre, un pti lardon, avec un air prononcé de fripouille.

Ils se dirigent tous les 2 vers l'objet tant convoité qu'est le coffre à jouets. La pépette se saisit d'un livre musical et va s'assoir un peu plus loin pendant que le lardon attrape une peluche. Tout ça dans le silence, à peine interrompu par leurs petits ricanements quand ils trouvent le jouet qu'ils convoitent.

Mais le lardon s'aperçoit que sa peluche n'émet pas le moindre son, et entend dans le même temps le livre musical se déclencher. Ni une, ni deux, éjection de la peluche ennuyeuse, passage en mode bipède et préparation d'une embuscade.

La pépette n'a pas le loisir de renifler l'arnaque en approche, trop fascinée qu'elle est par son livre. Le lardon s'approche subrepticement, et hop! tacle par derrière et arrachage du livre, en mode ninja-t'as-rien-vu-je-t'ai-bien-eue!

Et c'est là, à ce moment précis, qu'on entre vraiment dans un stade pendant une finale de coupe du monde, qui opposerait n'importe quelle équipe européenne à l'Afrique du sud.

La pépette se met à hurler, reprend son livre des mains du lardon, qui lui, se met à geindre.

Elle se transforme en corne de brume. Lui en vuvuzela.

Si tu ne sais pas quel son fait un vuvuzela, écoute ça :

Oui, je sais, on dirait que toutes les abeilles de la planète se sont données rendez vous au même endroit.

C'est comme ça qu'il pleure, le lardon.

Encore une de leurs grandes différences.

Elle, c'est violent, extrêmement fort, ça fait mal aux oreilles.Tu ne peux pas l'ignorer, au risque qu'elle finisse par te faire littéralement exploser les tympans.

Lui, c'est lancinent. Ça s'incruste tellement profond que tu pourrais en vibrer. Je n'ai rien trouvé de plus ressemblant qu'un vuvuzela. Ca exige un sang froid à toute épreuve.

Pour tout te dire, je ne sais pas lequel des 2 est le plus supportable. Ou le moins insupportable en tout cas. Les 2 me font vriller les nerfs.

Et donc, cet épisode n'est que le premier d'une longue série, qui dure toute la journée, pendant laquelle je dois faire l'arbitre entre les deux. Et de façon à ce que tout le monde soit satisfait, et ne me vrille ni les tympans, ni le peu de patience qu'il me reste, et qui me sert principalement à me retenir de les enfermer l'un dans le cellier, l'autre dans la cabane de jardin.

En fait, ils remplissent chacun les rôles d'adversaires ET de supporters, ma corne de brume et mon vuvuzela.